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0Une des principales organisations des droits de l'Homme au Nigeria a demandé ce mardi aux autorités d'ouvrir une enquête, après des "attaques" visant le bureau d'Amnesty International à Abuja ces derniers jours. Quelques semaines auparavant, l'armée nigériane avait récemment accusé Amnesty de vouloir déstabiliser le pays.

Lundi 20 mars, « un groupe de manifestants a barricadé le bureau d’Amnesty International et demandé à l’organisation internationale de quitter le Nigeria dans les 24 heures », s’indigne dans un communiqué le Socio-Economic Rights and Accountability Project (Serap).

Dans ce document, le Serap demande au président Muhammadu Buhari « une enquête approfondie sur les attaques apparemment sponsorisées et coordonnées contre le bureau d’Amnesty International au Nigeria et de garantir la sécurité de son personnel ».

L’ire des autorités

L’ONG nigériane exige par ailleurs du gouvernement nigérian qu’il « nomme et dénonce publiquement les commanditaires, et [qu’il] les traduise en justice » afin « d’envoyer un message fort de protection et de soutien à la société civile ».

« Certains n’apprécient peut-être pas certaines choses qu’Amnesty International a dites, mais cela ne justifie en aucune façon ce genre d’attaque collective contre son bureau et ses employés », poursuit le Serap.

Ces derniers mois, Amnesty a dénoncé à plusieurs reprises les exactions contre des civils commises par les forces de sécurité nigérianes, déclenchant l’ire des autorités qui ont nié en bloc les accusations. Selon l’ONG, l’armée a tué délibérément 350 musulmans d’une minorité chiite fin 2015 dans le nord du pays, avant d’enterrer leurs corps dans des fosses communes.

En juin 2016, Amnesty a dénoncé en outre l’exécution par les forces de l’ordre de militants indépendantistes non armés, avant et pendant une manifestation marquant l’anniversaire du début de la guerre du Biafra (sud).

Abuja dénonce une « ingérence »

Fin février, le ministère de la Défense nigérian avait accusé dans un communiqué Amnesty de « s’ingérer dans la politique locale et de prendre parti pour des terroristes et d’autres groupes belligérants afin de provoquer des désordres internes », demandant à l’ONG « de renoncer à se mêler des questions de sécurité dans notre pays, ce qui nuit à l’intérêt national, à la cohésion et à l’unité ».

L’armée avait finalement annoncé début mars l’ouverture d’une enquête sur certaines allégations, concernant notamment des cas d’ « exécutions extrajudiciaires, arrestations arbitraires, tortures et disparitions forcées » à l’encontre de membres présumés du groupe islamiste Boko Haram.

RD Congo : découverte de huit fosses communes dans le Kasaï Central, selon une enquête de RFI et Reuters

Selon une enquête de RFI et de l'agence de presse Reuters, huit fosses communes ont été découvertes dans le centre de la RDC, théâtre de violences depuis neuf mois.

Depuis le début de l’année, au moins huit fosses communes ont été découvertes par les habitants de Tshimbulu, chef-lieu du territoire de Dibaya, dans la province du Kasaï Central, révèle une enquête de RFI et de Reuters, publiée lundi 20 mars.

« Le matin, nous sommes partis du village pour aller au champs. Et quand nous venions, nous avons vu des mouches voler, il y avait une forte odeur », explique un habitant de Tshimbulu, cité par RFI. « On a vu des bras, des jambes et même des cadavres entiers, ils étaient mal enfouis », poursuit ce témoin, montrant les ossements humains qui affleurent toujours dans cette fosses de dix mètres par cinq.

Selon cette enquête, cinq fosses communes ont d’abord été découverte sur la route de Kananga début janvier, après l’incursion d’un groupe de miliciens du chef traditionnel Kamwina Nsapu, tué lors d’une opération de police le 12 août 2016. Les habitants ont découvert un mois plus tard l’existence de deux nouvelles fosses sur cette même route. « Ce sont les militaires qui ont creusé ça. On a vu leur camion passer. Il est resté ici plus de deux heures », explique une paysanne qui habite à Tshimbulu, citée par RFI.

Selon la chaîne de radio, la Monusco a déjà transmis des informations au gouvernement congolais concernant dix fosses communes : trois à Tshimbulu et sept autres à Nkoto.

Plus de 200 morts depuis août

Partie du Kasaï Central, la rébellion de Kamwina Nspau a progressivement gagné le Kasaï Oriental et le Kasaï Occidental. Au total, les violences commises dans ce conflit auraient fait au moins 200 morts.

Dans un communiqué publié le 18 mars, la Monusco avait exprimé « ses vives préoccupations » au sujet de nouvelles allégations faisant état de violences à Kananga, capitale du Kasaï Central entre le 14 et le 17 mars. « Un nombre important de personnes auraient été tuées au cours d’affrontements entre des miliciens de Kamwina Nsapu et des membres des forces de sécurité congolaises », affirmait la mission onusienne dans le pays.

À ce titre, la Monusco s’était dit autant « préoccupée par les attaques des miliciens de Kamwina Nsapu contre les institutions et symboles étatiques » que par « l’utilisation disproportionnée de la force par les forces de défense et de sécurité, notamment en ciblant des civils, dont des femmes et des enfants ». Le chef de la Monusco, Mamam S. Sidikou avait donc demandé l’ouverture d’une enquête sur ces événements.

Pointées du doigt, le gouvernement congolais avaient déjà annoncé la création d’une commission d’enquête le 22 février dernier, après la diffusion d’une vidéo mettant en cause l’armée dans un massacre de civils.

Le ministre de la Communication Lambert Mende, contacté pour commenter les informations de RFI et Reuters, était pour l’heure injoignable par téléphone.

Nigeria : les autorités interpellées après les « attaques » visant le bureau d’Amnesty International

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